Les collections
Au commencement…
Je transforme une boule d’argile humide en contenant sur le tour de potier. Le lendemain, je travaille le pied de l’objet en le renversant sur le tour et je reprends la pièce en main pour modifier la forme issue du tournage. Après un peu de temps encore, je peux commencer le décor : mise en couleurs, motifs gravés, inclusions… Plusieurs temps de séchage sont nécessaires entre chaque étape. Il faut donc surveiller attentivement le temps qui passe. Après une première cuisson à 950°, qui dure huit heures, je peux émailler la pièce. Enfin, je cuis l’émail à 1280° pendant dix heures. La pièce est alors terminée, les couleurs sont révélées, le résultat, réussi ou raté est définitif…!
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Couleurs et surfaces
J’aime les mélanges complexes de couleurs savamment dosées, résultats de longues recherches menées dans l’atelier qui devient alors laboratoire… Ces couleurs, presque blanches, presque violettes, vertes mais un peu grisées, ou un peu pâlies, sont indéfinissables. Elles échappent aux catégories et au vocabulaire classique de la couleur. A cette complexité des couleurs s’oppose la recherche d’une simplicité des formes. Je voudrais un résultat léger, discret, fragile, un objet qui soit «presque rien», une présence discrète, affleurant le réel. La couleur, utilisée comme matière couvrante et matte, absorbe la lumière de manière uniforme, comme la neige absorbe le bruit. Les aspérités sont gommées, les ombres sont diffuses, toute la lumière est captée par le volume entier. Lorsque la surface est réussie, la main, en contact direct avec la terre et les couleurs, rencontre ce toucher un peu sec qui nous ramène naturellement au monde minéral des origines de l’argile, à un monde d’avant nous… à l’aube géologique de la Terre.
Les collections…
Chaque objet est unique, car d’une part, la main n’est pas une machine, et d’autre part, je ne travaille pas en série. Avec chaque pièce, c’est une nouvelle rencontre, une nouvelle recherche. Les différentes collections peuvent se mêler. L’unité de l’ensemble vient des rappels de couleurs ou de motifs. Il y a entre les pièces comme un air de famille. Aussi différentes soient-elles les unes des autres, les pièces peuvent se rencontrer sur la table et composer un ensemble bigarré, éclectique qui s’éloigne du traditionnel service uniforme.